En janvier dernier, 2 participants à la formation « Mon Potager de Permaculture » voulaient qu’on parle des serres au jardin. Super idée ! Grâce à eux, j’ai consacré une des visios de la formation spécialement à cette question, et, en plus, c’était le thème du dernier hors-série du magazine « 4 saisons ». Timing parfait ! A partir de mon expérience et de ce hors-série, j’ai pensé à 7 questions que vous pouvez vous poser avant d’acheter une serre et de l’installer dans votre jardin, et pourquoi pas ce printemps !
Une petite dose de permaculture pour commencer et inspirer votre réflexion
Avant de dérouler les 7 questions, voici quelques principes de permaculture qui peuvent éclairer la lecture de cet article et aussi vous aider dans votre réflexion et votre prise de décision :
- « Un éléments remplit plusieurs fonctions » : à quoi sert une serre ? Comment faire pour qu’elle ait plusieurs fonctions ?
- « Emplacements relatifs » : où mettre la serre ? En fonction de quoi ? Quelle orientation ?
- « Ne pas produire de déchets » : comment choisir ma serre pour qu’elle produise le moins de déchets possibles, pour qu’elle soit la plus durable possible ?
- « Obtenir une production » : avoir une serre, c’est chercher à obtenir une production plus importante mais est-ce qu’on cultive différemment dedans ?
- « Stocker l’énergie » : comment optimiser le potentiel de la serre et les particularités de ce microclimat artificiel qu’elle crée dans nos jardins ?
- « De l’ensemble vers les détails » : par où commencer pour choisir ? Par le système d’ouverture de la porte ? Ou plutôt par la taille et l’emplacement ? A voir…
Question n° 1 : Pourquoi mettre une serre dans mon jardin ?
Quand j’ai décidé de mettre une serre dans mon jardin, il y a un peu plus de 4 ans maintenant, c’était pour pouvoir cultiver plus facilement les tomates, parce qu’ici, en Haute-Savoie, les étés peuvent être pluvieux. Et les tomates, ben, ça leur va pas…C’était ma motivation première. J’avais essayé des espèces de « guêtres géantes » à tomates, qui avaient fait bien marrer ma voisine de 80 ans au passage, mais ce n’était pas très durable ni très efficace. Une amie avait un très grand abri à tomates auto-construit, mais, moi, je voulais une serre. J’ai donc acheté une première petite serre de 6 m² en 2020, un modèle fabriqué en Italie, avec une seule porte et sans aérations.
Mais, bref, pourquoi mettre une serre dans son jardin ? La réponse classique c’est : pour rallonger la saison de jardinage pardi ! Et, encore, une fois, en Haute-Savoie, et dès qu’on passe au-dessus de 600 mètres, soit en climat montagnard, cela devient indispensable si on a envie de produire plus que 2 plants de tomates cerise et 1 de courgette…
Donc, avec une serre, on jardine plus tôt et on récolte plus tard. On jardine alors dès la fin de l’hiver et jusqu’en automne, pour avoir des récoltes tout le temps ! Le stade ultime de l’autonomie ! (Perso, j’en suis pas encore là !).
On peut aussi utiliser la serre pour nurserie pour nos semis en godets de fin d’hiver et de début de printemps, d’abri pour certains plantes l’hiver, ou encore de brise-vent (c’est ce qu’on va voir plus loin).
A retenir : la serre est un élément très important au jardin si on veut avoir une production plus importante et gagner en autonomie.

Question n° 2 : Quelle taille pour ma serre ?
OK, vous voulez une serre, mais quelle taille choisir ? Parce qu’il y en a de toutes tailles !
Ici, au cortillet permacole, j’ai choisi la taille de ma première serre surtout en fonction du budget. Il y a 4 ans, cette petite serre de 6m² m’avait coûté plus de 400€…C’était donc le prix qui avait déterminé la taille de ma serre, que j’avoue, j’avais un peu choisi sans approfondir tous les aspects que je présente ici.
Je dirais aujourd’hui que c’est un des critères de choix mais que c’est mieux de penser les choses plus globalement :
- Qu’est-ce que je veux faire ? Comment je veux jardiner ? Toute l’année comme les jardiniers.ières les plus motivé.e.s ? Ou bien la serre c’est pour les légumes qui ont le plus besoin de chaleur en été et je suis content.e comme ça ? (Plus mon profil, personnellement !)
- Quelle place ai-je à ma disposition ? Un balcon ou une terrasse où je peux mettre une toute petite serre adossée ? Si j’ai du terrain, quelle surface sera consacrée au potager et pour quelle production ?
- Quels moyens financiers j’ai pour acheter une serre ?
- Ou quel temps j’ai pour construire moi-même ma serre ?
On trouve des serres d’à peine 2m² pour les mini serres de jardin à des centaines de mètre carrés pour les serres professionnelles maraîchères !
En 2021, j’ai voulu aller plus loin avec la permaculture en imaginant un jardin nourricier « complet » sur un terrain de 300m². J’ai donc commencé à réfléchir au « design » de cet espace, où un des éléments était la serre. Une fois la conception décidée, j’ai déterminé que ma serre pourrait faire entre 12 et 15m². J’ai alors choisi une serre de 12m² que j’ai mise en place au printemps 2023… C’est donc la place disponible et mon budget qui ont principalement déterminé la taille de la serre.
Question n°3 : Y a-t-il des réglementations pour installer une serre ?
Oui ! Et c’est une vraie question à se poser avant de choisir sa serre et qui peut carrément déterminer sa taille ! C’est d’ailleurs mon cas ! Je vous disais à la question n° 2 que j’avais choisi une serre de 12m² :
- En fonction de mon budget et de lectures que j’avais faites sur le sujet ;
- Mais aussi parce le PLU de ma commune limite la surface des serres ! Je peux mettre 1 seule serre et elle ne peut pas faire plus de 15m² !
Donc, un p’tit coup d’œil au Plan Local d’Urbanisme de votre commune est une étape à ne pas oublier !
Côté réglementation, j’ai appris dans le hors-série de « 4 saisons » sur les serres :
- Qu’il existait une taxe d’aménagement pour les serres…qui est reversée à la commune et au département…
- Qu’il fallait déposer une déclaration préalable si la hauteur de la serre est comprise entre 1,80 et 4 m…(Ce que j’ignorais à l’époque et que je n’ai pas fait. Oups !).
La taxe d’aménagement se calcule à partir du nombre de m² dépassant 1,80 m de haut :
« Elle s’applique dès qu’une surface délimitée par des murs et couverte est créée, à condition que la superficie dépasse 5 m² et que la hauteur du plafond soit supérieure ou égale à 1,80 m. ».
On prend cette surface, on la multiplie par le montant de la taxe (930€ en 2025) puis on calcule le pourcentage qui revient à la commune (variable selon les communes) et celui qui revient au département (variable mais plafonné à 2,5%)…Je vous mets ci-dessous le lien vers le calcul de la taxe si vous voulez regarder en détails… ! (C’est aussi très bien expliquer dans le hors-série de « 4 saisons » sur le thème).
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F23263
Bref, à regarder pour ne pas avoir de mauvaises surprises après.
Question n° 4 : Quels critères techniques regarder pour choisir une serre ?
Donc, on a parlé objectifs, surface disponible, budget et réglementation. Parlons technique (mais pas trop non plus 😉 ) car il y a vraiment l’embarras du choix !
En partant de mon expérience, je dirais qu’il y a 1 première question qui oriente un premier choix : est-ce que je veux une serre avec un « toit » souple ou rigide, en verre ? Pour moi, la réponse a été être simple : je n’ai pas le budget pour acheter une serre en verre ou en polycarbonate. Donc, je suis partie sur une serre tunnel. Et je ne parlerai donc pas ici des serres en verre car je ne connais pas…
Ensuite, ce qui me semble très important, c’est l’aération de la serre. La première serre de 6m² que j’avais achetée avait la porte comme unique aération. Du coup, c’était très difficile pour aérer et réguler la chaleur. Aujourd’hui, la serre qu’il y a dans mon jardin est une serre à deux portes et dont je peux remonter les côtés avec une manivelle. Très pratique. J’avais vu ce même modèle en plus grand dans un autre jardin et ça m’a permis de voir la qualité de ce genre de serre.
Ce qui va importer aussi c’est la solidité de la serre tant sur la bâche plastique, le système de fixation de la bâche et l’épaisseur des montants.
En général, la bâche plastique fait 180 microns d’épaisseur. Mais, par exemple, sur la serre que j’ai choisie, l’épaisseur est de 200 microns.
Les montants en acier galvanisé et leur épaisseur déterminent la robustesse de la serre. Selon le fabricant, les montants font de 30 mm (Serre Tonneau) à 60 mm pour certains modèles chez Serres en direct.
Le système de fixation de la bâche : est-ce que la bâche est enterrée dans le sol et avec à ourlets ou bien est-ce qu’elle tient sur les montants (clips).
Il y a aussi la forme : tunnel (arceaux), pieds droits, cathédrale (forme cabane) et même en forme de yourte !
Le système de fixation de la bâche et la forme vont déterminer la facilité de montage…Moi, perso, après avoir monté 2 types de serre, je trouve que c’est pas évident, mais avec de la concentration et de la méthode, on y arrive !
Critère « bonus » : vous pouvez acheter français ! Il y a presque une dizaine de fabricants français, ce qui permet d’avoir le choix tout en achetant le plus local possible. Voici quelques exemples :
- Richel, tunnels arrondis et abri à tomates, de 6 à 27 m², distribué par mvi-shop.com
- Serre en Direct, tunnels arrondis et à pied droit, aération par les portes, serre-en-direct.fr
- Serres La Française, tunnels arrondis, à pied droit, cathédrale, aération par les portes, serres-lafrancaise.com
- Serres Tonneau, tunnels arrondis et à pieds droits, tubes de 30mm, serres-tonneau.com
Question n°5 : Où mettre ma serre ?
C’est peut-être la première question qu’on se pose spontanément qu’on a envie de mettre une serre : mais où donc vais-je l’installer ? Le bon sens donne déjà deux réponses :
- Là où j’ai de la place, et ça peut déterminer la surface ;
- Là où c’est plat et plan ! Oui, c’est plus facile quand même. Ici, le terrain n’est pas plan. J’ai donc dû décaisser sur une trentaine de centimètres de hauteur.
Mais il est possible d’installer une serre dans une pente : il faudra lors l’installer dans le sens de la pente et mettre les arceaux perpendiculaires au sol.
Par rapport au soleil et au vent : questions très importantes et liées !
- Je l’oriente Nord/sud : implantation « classique » ; il y a moins de prise au vent ; mais moins de surface éclairée en été, plus en hiver.
- Je l’oriente Est/ouest : il y aura plus de surface éclairée en été et moins en hiver ; si la serre est exposée au vent du nord, il faudra alors installer un talus ou une haie brise-vent au nord.
C’est cette deuxième option que j’ai choisie car j’avais en tête le principe de permaculture « un élément remplit plusieurs fonctions » et je voulais que ma serre serve aussi de brise-vent…Alors, ce n’est pas sa fonction principale mais ça permet quand même de créer un microclimat supplémentaire dans mon jardin devant la serre et de limiter un peu le vent.
Comme je l’ai implanté là où j’avais beaucoup de vent, j’ai planté une triple haie brise-vent, qui pousse lentement mais sûrement. C’est ce que je montre dans la vidéo (enfin j’espère que c’est clair).
Question n° 6 : Est-ce que c’est différent de cultiver sous la serre ?
Oui, car avoir une serre, c’est gérer un microclimat à l’intérieur qui dépend de ce qui s’appelle le « couple chaleur/humidité ». En général :
- À forte humidité, l’eau s’évapore plus lentement ;
- Les maladies fongiques se développent quand il fait frais et humide ;
- S’il fait frais dans la serre, le niveau d’humidité est bas.
Dans la serre en été :
- La température idéale pour le développement végétatif est entre 25 et 30 ;
- Plus il fait chaud dans la serre, plus le niveau d’humidité est élevé ;
- L’humidité est entre 65 et 80% dans la serre, même quand les températures restent chaudes la nuit ;
- En mouillant le substrat, on augmente l’humidité et on fait baisser la température ;
- On laisse les aérations ouvertes (sauf en cas d’orage ou de grand vent !).
Dans la serre au printemps, en automne et en hiver :
- L’humidité est basse ;
- On ferme toutes les aérations, mais on aère quand il faut beau aux moments les plus chauds de la journée ;
- Il est déconseillé de planter trop près des bords pour éviter les maladies qui pourraient apparaître avec la condensation. (vous vous souvenez : les maladies se développent quand il fait frais et humide…)
Pour arroser dans la serre, il y a plein de possibilités et je ne rentrerai pas dans le détail ici. Mais, en gros, tout est possible :
- Par aspersion, avec automatisation possible, mais attention aux plantes qui n’aiment pas avoir les feuilles mouillées ;
- Avec un goutte-à-goutte, avec automatisation possible, ce que j’utilise personnellement ;
- Pour les plus motivé.e.s : combiner les deux ! (aspersion + goutte-à-goutte, comme les pros !) ;
- Ou à l’arrosoir si la serre n’est pas trop grande (c’est ce que j’aime bien faire aussi) ;
- Quand ? En été, on arrose le soir de préférence pour limiter l’évaporation (plus forte le matin) et permettre à la plante de se nourrir la nuit. Comme il fait humide dans la serre, les stomates des feuilles (aussi très actives dans la photosynthèse) s’ouvrent et cela permet aux plantes de mieux se nourrir.
La mise en place des cultures est fonction de l’orientation de la serre. Pour optimiser un ensoleillement optimal des cultures, les cultures sont parallèles aux côtés les plus longs de la serre. La plante a ainsi du soleil « tout le temps ».
En permaculture, on cherche à créer des « petits systèmes intensifs ». Donc, vous pouvez aussi densifier les cultures dans la serre comme partout ailleurs dans le jardin, en diminuant les distances de plantation.
Les techniques d’amendements et de paillage sont de mises, comme partout dans le jardin !
Et les ravageurs me direz-vous ? Ce sont les mêmes que dehors (mildiou, oïdium et compagnie), donc les mêmes principes de précaution s’appliquent.
Question n° 7 : Et si je ne veux pas serre, quelles sont les alternatives ?
Il y a beaucoup d’alternatives à l’achat d’une serre car on n’a pas forcément le budget ni la place :
- Côté budget : l’auto-construire ;
- Côté budget et place : plusieurs solutions sont possibles !
Voici donc quelques autres systèmes qui prennent moins de place et qui permettent de gagner des degrés et donc de cultiver plus tôt et plus tard au jardin :
- Les tunnels nantais sont des arceaux avec une bâche plastique ;
- Les chenilles sont des arceaux avec un voile qui laisse passer la lumière et l’eau ;
- Les mini serres comme le système Modulo ;
- Les voiles de forçage posés sur le sol ;
- Les abris à tomates ;
- Les châssis ;
- etc.
Personnellement, je n’utilise pas ce genre de solutions car elles ne sont pas assez durables pour moi (trop de plastique…sauf un châssis en bois et verre par exemple). C’est aussi pour ça que j’avais choisi une serre.
Voilà, la boucle est bouclée !
Envie d’aller plus loin ?
Pour aller plus loin, et pour finir, je vous conseille l’excellent hors-série du magazine « 4 saisons » consacré aux serres. Personnellement, j’y ai appris plein de choses et ça m’a boosté ce printemps pour commencer à travailler dans ma serre: https://www.terrevivante.org/boutique/magazines/hors-serie-4-saisons/hors-serie-n36/
Si vous avez des questions sur la serre ou si je peux vous aider à créer votre jardin avec la permaculture, contactez-moi par mail ou par téléphone (coordonnées ci-dessous).